L'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme dispose déjà des témoignages "d'une trentaine de femmes violées" par les militaires qui ont réprimé dans le sang, le 28 septembre, une manifestation de l'opposition.
Une femme guinéenne pleure la perte d'un proche à Conakry, le 2 octobre 2009. (AFP)
Le visage encore tuméfié une semaine après le massacre de manifestants à Conakry, une Guinéenne soulève son boubou et dévoile ses bras et fesses meurtris: "J'ai 57 ans et ils m'ont mise à nue! J'ai vu les soldats mettre les fusils dans le sexe des femmes quand ils me frappaient."
Le président de l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme (OGDH), Thierno Maadjou Sow, annonce , lundi 5 octobre, qu'il dispose déjà des témoignages "d'une trentaine de femmes violées" par les militaires qui ont réprimé dans le sang, le 28 septembre, une manifestation de l'opposition.
Le président de l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme (OGDH), Thierno Maadjou Sow, annonce , lundi 5 octobre, qu'il dispose déjà des témoignages "d'une trentaine de femmes violées" par les militaires qui ont réprimé dans le sang, le 28 septembre, une manifestation de l'opposition.
"Ils m'ont piquée la fesse avec un couteau"
"Nous sommes en train de constituer une association de femmes violées, afin que les victimes puissent porter plainte", annonce ce Guinéen de 77 ans, ancien vice-président de la Fédération international des droits de l'Homme.
La foule s'était massée dans le plus grand stade de Conakry, la capitale de la Guinée, pour un rassemblement "pacifique" contre la probable candidature à la présidentielle du chef de la junte au pouvoir depuis neuf mois, le capitaine Moussa Dadis Camara.
"J'étais au stade. Un soldat avait un couteau, il a déchiré tous mes vêtements", dit la femme de 57 ans, militante du Front uni pour la démocratie et le changement (Fudec), qu'un proche a convaincue de venir témoigner devant des journalistes étrangers.
"Je leur ai dit 'je suis votre maman'. Ils m'ont piquée la fesse avec un couteau, ils m'ont battue", poursuit-elle.
"Je ne crois pas qu'il y ait eu des viols"
A son côté, une femme de 47 ans montre les larges contusions et plaies qui parsèment son dos. "Un militaire m'a frappée, m'a déshabillée, il m'a tapée sur la tête avec le fusil. Ils m'ont fait tomber par terre. Quelqu'un est venu mettre la main... Ils m'ont violée. Je suis sortie de là nue", confie cette mère de deux enfants.
Au total, l'OGDH a avancé le bilan de 157 personnes tuées et 1.200 blessées, dont ces femmes victimes de viols collectifs, en plein jour, aux yeux de tous: "un crime contre l'humanité" caractérisé, fait valoir Thierno Maadjou Sow.
Mais du côté du pouvoir militaire, le ministre de la Santé, le médecin-colonel Cherif Abdoulaye Diaby a dit devant la presse: "je ne crois pas qu'il y ait eu des viols", en rappelant le bilan officiel de 56 civils tués.
"Il n'y a eu aucune plainte au niveau de l'hôpital. Mais je voudrais inviter toutes les dames qui ont été victimes de viol à s'adresser à l'équipe d'urgence de l'hôpital Donka", a ajouté ce ministre.
Les forces de l'opposition ont déjà collecté les témoignages de leurs militants pour monter des dossiers d'accusation contre les "bérets rouges" (garde présidentielle), intervenus sous le commandement d'officiers proches du chef de la junte.
"Certains disent qu'ils étaient drogués"
L'ancien ministre des Affaires étrangères François Lonsény Fall, lui-même roué de coups par les militaires, assure qu'"ils se sont acharnés particulièrement sur les femmes". "Ils n'étaient pas en possession de leurs moyens: certains disent qu'ils étaient drogués", ajoute-t-il.
Début 2007, des viols avaient déjà été commis par des soldats, au moment de la brutale répression de manifestations contre le régime du président Lansana Conté, décédé en décembre 2008. "Mais c'était dans des maisons" souligne Thierno Maadjou Sow.
"Qu'il y ait viols, en public, par un nombre aussi important de militaires, c'est la première fois" en Guinée, assure le président de l'OGDH, neuf mois après la prise du pouvoir par de jeunes officiers de la garde présidentielle.
"Une femme qui avait été violée et mutilée vient de mourir, annonce-t-il. Il y a aussi des filles qui sont devenues folles, au moins trois. La haine qui a conduit à une telle cruauté, je ne sais pas comment l'expliquer".